Maladie polykystique des reins

Néphrologie, Maladie polykystique des reins 31 August 2024

Introduction

La maladie polykystique des reins (MPR) est une pathologie héréditaire caractérisée par le développement de multiples kystes remplis de liquide dans les reins. Ces kystes, qui peuvent varier en taille, entraînent une augmentation du volume rénal et une altération progressive de la fonction rénale. Il s’agit de l’une des principales causes d’insuffisance rénale terminale (IRT), affectant environ 12,5 millions de personnes dans le monde. La MPR se manifeste généralement sous deux formes : la maladie polykystique autosomique dominante (MPAD), qui est la plus courante, et la maladie polykystique autosomique récessive (MPAR), qui est beaucoup plus rare et se manifeste généralement dès la naissance ou la petite enfance.

Description de la maladie et symptômes de la maladie

La MPR est une maladie évolutive où les kystes rénaux se développent et se multiplient au fil du temps, entraînant une altération progressive de la fonction rénale.

Les symptômes de la MPR varient en fonction de la forme de la maladie :

Douleur abdominale ou lombaire : Résultant de l’augmentation du volume rénal due aux kystes.
Hématurie : Présence de sang dans les urines, souvent causée par la rupture d’un kyste.
Hypertension artérielle : Un symptôme fréquent, survenant chez plus de 50 % des patients avant même la diminution de la fonction rénale.
Infections urinaires récurrentes : En particulier des pyélonéphrites, à cause des kystes infectés.
Insuffisance rénale : Progressivement, la fonction rénale diminue, conduisant à l’IRT chez 50 % des patients atteints de MPAD avant l’âge de 60 ans.
Grosseur rénale palpable : En raison de l’augmentation du volume rénal.

Les typologies de la maladie

La MPR peut être classée en deux types principaux en fonction du mode de transmission génétique :

Maladie polykystique autosomique dominante (MPAD) : C’est la forme la plus courante, représentant environ 90 % des cas. La MPAD se manifeste généralement à l’âge adulte, souvent entre 30 et 40 ans. Elle est causée par des mutations des gènes PKD1 ou PKD2, qui codent pour des protéines impliquées dans la régulation du développement et de la fonction des tubes rénaux. Le risque de transmission de la maladie à la descendance est de 50 %.

Maladie polykystique autosomique récessive (MPAR) : Cette forme est beaucoup plus rare, avec une incidence d’environ 1/20 000 naissances. Elle se manifeste dès la petite enfance, souvent avec une présentation néonatale sévère. Les patients présentent souvent une insuffisance rénale précoce et une fibrose hépatique congénitale. La MPAR est causée par des mutations du gène PKHD1, qui code pour la fibrocystine.

Les causes de la maladie

La MPR est une maladie génétique causée par des mutations spécifiques dans les gènes impliqués dans le développement des reins.

Mutations génétiques :

PKD1 et PKD2 dans la MPAD : Ces gènes sont responsables de la production de polycystine 1 et 2, des protéines essentielles au fonctionnement normal des tubules rénaux. Les mutations dans PKD1 sont responsables d’environ 85 % des cas de MPAD et entraînent une maladie plus sévère et une progression plus rapide vers l’insuffisance rénale terminale.
PKHD1 dans la MPAR : Ce gène code pour la fibrocystine, une protéine essentielle pour le développement normal des reins et du foie.
Facteurs modificateurs : Bien que la MPR soit une maladie génétique, certains facteurs environnementaux et d’autres gènes peuvent modifier la gravité de la maladie. Par exemple, l’hypertension artérielle et les infections rénales peuvent accélérer la progression de la maladie.

Les traitements traditionnels

Le traitement de la MPR vise principalement à gérer les symptômes et à ralentir la progression de la maladie, car il n’existe actuellement aucun traitement curatif.

Gestion de l’hypertension : Le contrôle strict de la pression artérielle est crucial pour ralentir la progression de la maladie. Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC) et les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA) sont souvent utilisés pour abaisser la pression artérielle.

Traitement des infections urinaires : Les infections urinaires doivent être traitées promptement avec des antibiotiques pour éviter les complications rénales.

Gestion de la douleur : La douleur liée aux kystes peut être gérée par des analgésiques, mais dans certains cas, un drainage ou une sclérosante peut être nécessaire pour les kystes symptomatiques.

Dialyse et transplantation rénale : Pour les patients évoluant vers une insuffisance rénale terminale, la dialyse et la transplantation rénale sont les options de traitement disponibles.

Les solutions thérapeutiques nouvelles

Les recherches récentes ont permis d’identifier plusieurs approches prometteuses pour le traitement de la MPR.

Inhibiteurs de la vasopressine (tolvaptan) : Ce médicament a été approuvé pour ralentir la progression de la MPAD. Il agit en inhibant l’effet de la vasopressine sur les reins, réduisant ainsi la formation et la croissance des kystes. Des études ont montré que le tolvaptan peut ralentir l’augmentation du volume rénal et la diminution de la fonction rénale, bien que des effets secondaires comme la soif intense et l’augmentation de la fréquence des mictions soient courants.

Thérapies géniques : Des recherches sont en cours pour explorer la possibilité de corriger les mutations génétiques responsables de la MPR. Bien que ces thérapies soient encore à un stade expérimental, elles offrent un espoir pour un traitement curatif à l’avenir.

Bloqueurs des canaux calciques : Certaines études précliniques ont suggéré que ces médicaments pourraient ralentir la croissance des kystes en inhibant les voies de signalisation cellulaires impliquées dans la formation des kystes.

Nanotechnologie et délivrance ciblée de médicaments : Les nanotechnologies sont explorées pour délivrer des médicaments directement aux kystes rénaux, minimisant ainsi les effets secondaires systémiques et améliorant l’efficacité du traitement.

Modulation du microbiome : Le rôle du microbiome intestinal dans la progression de la MPR est une nouvelle avenue de recherche, avec des études explorant si la modification du microbiome pourrait ralentir la progression de la maladie.

En conclusion, la maladie polykystique des reins est une pathologie héréditaire complexe avec des implications graves pour la fonction rénale. Bien que le traitement reste majoritairement symptomatique, les avancées récentes dans les thérapies ciblées et les nouvelles technologies offrent des perspectives prometteuses pour améliorer la qualité de vie des patients et ralentir la progression de la maladie.

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